Le fondement de la dignité

Auteur: Délia Steinberg-Guzman

libéré 07-05-2018

L'éducation un des piliers de l'État

L’éducation comme fondement de la dignité

« Qu’il y ait entre tous les citoyens un combat pour la vertu mais sans jalousie. La gloire d’un État consiste à avoir des habitants qui disputent de toutes leurs forces le prix de la vertu mais qui n’aient recours à aucune manière indigne d’empêcher les autres d’aspirer au même bien. » (Platon, Les Lois)

Nous vivons des moments particuliers, difficiles. Nous ne pouvons les appeler ni bons ni mauvais mais ils nous sont nécessaires pour finir de développer notre véritable sens d’êtres humains et d’humanité.

Il est évident que beaucoup d’événements nous blessent, nous font frémir d’impuissance et que nous ne savons quoi faire exactement pour pallier la quantité de maux qui nous affligent. Nous ne pouvons pas non plus calculer quels maux sont les pires, parce que chacun souffre de quelque chose de différent en relation avec sa propre vie. Ce qui est étrange est que tant de bouleversements se soient produits dans tant d’endroits et en même temps.

Si nous devions assumer un choix, outre les catastrophes naturelles qui ne dépendent pas de nous, le plus impressionnant est le manque de dignité, en tenant compte évidemment des exceptions. Ce qui est triste est que ces exceptions sont habituellement cachées aux yeux des gens et que ce qui ressort est ce qui occupe la majorité des nouvelles dans les médias.

Parfois, ce qui est indigne est pervers, parfois simplement ridicule. Mais nous nous sentons pris dans des filets invisibles, bien que compliqués à éviter. Nous ne trouvons pas d’exemples dignes d’être imités. C’est pourquoi nous citons Platon et son extraordinaire appel au « combat pour la vertu ». Que tout serait différent si c’était le motif de nos disputes ! Qu’il serait merveilleux de lutter pour une dignité méritée !

Nous ressentons l’absence de la dignité qui va de pair avec l’honneur. Nous ne nous référons pas aux dignités extérieures basées sur le prestige, la fortune économique, l’apothéose des modes variables. Ceux qui sont aujourd’hui au sommet de cette fausse dignité tomberont demain ou seront relégués dans l’oubli.

La dignité nécessite, évidemment, honneur, probité, pureté de pensée, d’intention et d’action. Elle nécessite savoir être et savoir exister, principalement savoir être.

Il n’est pas indispensable que tout le monde devienne philosophe, bien que tous, dans une certaine mesure, nous philosophions autour de la vie et de nos propres situations. Ce qui est par contre indispensable est que chacun soit guidé par des valeurs morales prioritaires et conditionne son existence à ces valeurs. Les véritables valeurs ont un goût indéniable de durabilité, elles ne peuvent changer d’un jour à l’autre ni ne peuvent être écartées lorsqu’apparaissent d’autres modèles apparemment plus utilitaires.

L’abus d’une liberté mal interprétée, comme la possibilité de faire et de dire n’importe quoi n’importe quand et n’importe où, a déclenché, par manque de maturité et de correcte éducation, une dangereuse déviation vers le libertinage, la criminalité, l’indécence travesties en bonnes intentions, le mensonge sans détours, la manipulation objective et émotionnelle.

Nous manquons de bons exemples, d’exemples de dignité.

Personne ne nous enseigne à vivre avec dignité. On nous lance simplement dans la lutte pour la vie, qui se transforme finalement en une lutte de tous contre tous.

Nous aspirons à une dignité humaine qui ait un fondement profond, ce qui nous incite à chercher en nous-mêmes. Le si fameux « Connais-toi toi-même » renferme une invitation à la découverte intérieure, en éliminant les résidus de l’incertitude, des sentiments négatifs et des actions dénigrantes pour nous-mêmes et pour les autres. Se construire équivaut à élever des colonnes stables et fortes, qui soient un bon support pour toute la vie.

Évidemment, il y a des droits humains qui sont violés en permanence et qui détruisent l’intégrité humaine. Mais si chacun, individuellement et par groupes d’idéaux semblables, nous faisions l’effort d’être honnêtes en dépit des difficultés, le monde entier serait meilleur. Ni les protestations, ni les cris ni les guerres ne seraient nécessaires. Il y aurait un fondement de dignité et d’honneur qui se répandrait sur toute la Terre, rendant l’Humanité plus apte au vivre ensemble et la planète plus heureuse de nous avoir comme habitants.

Traduit de l’espagnol par M.F. Touret

La entidad que publica este artículo asume la responsabilidad de que las imágenes usadas tienen el permiso necesario