Il y a plus de trente ans (1) que le professeur Jorge Angel Livraga, fondateur de Nouvelle Acropole, école de philosophie en quête de la sagesse, nous a signalé l’apparition de nombreux traits historiques similaires à ceux qui ont été vécus en Occident durant la période appelée Moyen Age, entre les années 500 à 1500 de notre ère approximativement. Son idée, qui semblait plutôt une prédiction qu’autre chose, a retenu notre
attention à ce moment-là mais, à mesure que le temps s’écoulait, nous avons pu constater que la réalité médiévale se frayait un passage. Un nouveau moyen âge prenait forme une nouvelle fois en Occident avec ses caractéristiques au début particulièrement dissolvantes, puis peu à peu avec d’autres conséquences favorables à la conscience humaine.
Quelles sont ces caractéristiques pernicieuses et dissolvantes auxquelles nous venons de faire allusion ? Elles sont nombreuses et il suffit d’avoir connaissance de ce que nous offre la presse quotidienne pour les détecter. Pour en citer quelques unes, nous ferons mention des violents séparatismes qui affectent principalement l’Europe, l’Asie et l’Afrique ; les poussées raciales qui font s’affronter les ethnies les unes aux autres ; le désordre politique et le manque de leaders authentiques qui soient capables de tenir les rênes dans les situations difficiles ; les luttes religieuses ; les groupes de terroristes qui dévastent tant et tant de pays ; les fanatismes intransigeants ; la détérioration de l’économie, même celle des plus grandes puissances ; la chute des grandes idéologies, etc., etc. Chacun de ces arguments mériterait une analyse individuelle, quoique les exemples douloureux susceptibles de les appuyer ne manquent pas. L’ensemble de ces situations est très semblable à ce qu’a vécu l’Occident à partir du moment où l’Empire romain a cessé d’être une puissance unificatrice…
Il y eut différents moyens âges dans l’histoire, en Occident et en Orient, au Nord et au Sud… si on entend par moyens âges des périodes très particulières durant lesquelles toutes les structures reconnues se lézardent et ne se soutiennent plus. Les systèmes font faillite et chacun est conscient des faillites, car chacun les vit dans sa propre chair. Les gouvernements sont impuissants à arrêter les critiques et les révoltes. Les grands personnages sont grands aujourd’hui pour subir demain, sans recours, les railleries du discrédit. Les religions ne répondent plus aux besoins de l’homme et cherchent d’autres expressions, pas toujours religieuses et dictées bien plus par l’urgence de survivre que par le commandement de l’esprit. La trahison est monnaie courante et tout s’achète et se vend, y compris et sans se cacher les vies humaines. On tue ceux qui dérangent et on réduit au silence les peuples qui protestent. Les barbares triomphent, ceux qui ont la cruauté comme drapeau et ceux qui connaissent mieux le pillage que les civilisations établies, ceux qui ne croient plus qu’en leurs propres forces et dans le nombre de leurs partisans…
L’histoire se répète-t-elle ? Oui, quoi qu’on ne s’en rende pas compte ; si on s’en rendait compte, on pourrait éviter des souffrances inutiles et progresser d’un tour de plus dans la spirale du Destin, avec moins de brutalité, moins d’obscurité, moins de sacrifices stériles, sans savoir qui on est, d’où l’on vient, ni vers quoi l’on va.
Traduit de l’espagnol par Nicole Letellier
(1) Article paru dans le n°129 de notre revue (janvier 1993) et revue N° 159 (novembre 1998)
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