L’homme a « inventé » des symboles et des mythes

Auteur: Délia STEINBERG GUZMANN

libéré 20-01-2018

De tous temps les mythes ont été inventés, permettant à l’homme de comprendre le monde dans lequel il vivait

Grèce ancienne. Poterie ancienne grecque.Scènes de mythologie ancienne, Centaure, guerrier et dieux de l’Olympe.

De tous temps les mythes ont été inventés, permettant à l’homme de comprendre le monde dans lequel il vivait. Le XXe siècle n’échappe pas à la règle. Est-ce de l’ésotérisme ? De la fantaisie ?

On m’a dit que l’homme a « inventé » des symboles et des mythes, dans une tentative irrationnelle et ratée, d’expliquer ce que seule la science peut rationnellement expliquer. Ainsi serait né un nouveau langage : celui de l’homme primitif, qui, n’ayant pas atteint le sommet du développement mental, a dû recourir à des subterfuges pour comprendre le monde dans lequel il vivait.

On m’a dit qu’entre cet homme primitif et l’homme d’aujourd’hui qui aime l’ésotérisme, il y a bien peu de différence. Le premier a essayé de déguiser son ignorance en « magie », le second revêt son manque de culture d’aspects scientifiques. De cette façon, en plein XXe siècle, à l’ère de la science, dans le berceau du rationalisme technique, de nombreuses personnes continuent à « inventer » des mythes : les dites « connaissances ésotériques ».

Les limites de l’ésotérisme et de la science

J’ai réfléchi à cela comme je le fais pour tout ce qu’on m’a dit ou qu’on me dit et je suis arrivée à la conclusion que, comme toujours dans notre monde dualiste, il y a du vrai et du faux dans ces propos. Sans entrer dans les détails de ce qu’est ou de ce que n’est pas la connaissance ésotérique, et de même pour la connaissance scientifique, nous devons accepter en principe que dans un camp comme dans l’autre, il y a ceux qui savent et cherchent à savoir plus et ceux qui abusent de leur fantaisie au lieu d’utiliser leur intelligence. Les gens sérieux et les bouffons existent partout et ni la science ni l’ésotérisme n’échappent à cette « loi ».

Ainsi, tout comme la vulgarisation de la science a donné lieu à la « science-fiction », de la même manière, l’actuelle vulgarisation des connaissances jadis réservées aux Écoles de Mystères, a donné naissance aux « fantaisies » de l’ésotérisme, parfois bêtement innocentes, parfois inexorablement destructrices. La science-fiction fait rêver de mondes inconnus, de vaisseaux spatiaux prodigieux, d’êtres extra-terrestres, de machines puissantes et d’énergie stellaire, pour ne pas donner plus d’exemples encore. Le danger de ces rêves est évident, et cela va de l’enfant qui se suicide en se jetant par la fenêtre, convaincu d’avoir les mêmes pouvoirs que son héros « volant » préféré jusqu’à ceux qui vivent dans la terreur en imaginant voir en chaque homme ou chaque femme qui bat des cils d’une façon inhabituelle, un extra-terrestre cruel… Associons à cela l’abêtissement progressif, la peur de l’inconnu, la coupure avec la réalité et, par bonheur, l’incapacité de construire des navires qui permettent de participer activement à la guerre des étoiles …

Le faux ésotérisme

L’ésotérisme mal compris, quant à lui, est arrivé à développer la fantaisie malsaine de ceux qui préfèrent rêver qu’étudier, imaginer au lieu de faire des recherches, supposer au lieu de faire l’effort pour aboutir à quelque chose d’authentique. Loin des véritables connaissances qui planent sur l’homme subtil et ses nombreuses possibilités latentes de développement, les faux ésotéristes ont cherché le « nirvana » au niveau de leurs pantoufles : aucune étude, aucun travail patient et sérieux sur soi-même pour une plus haute morale individuelle, aucune humilité afin de reconnaître chez d’autres la sagesse qu’ils n’ont pas … Par contre, c’est la « farce » grossière des prétendus « pouvoirs para psychologiques », de la captation de messages en provenance de l’au-delà, du « contact » avec des Maîtres prodigieux qui donnent des ordres aberrants, des « formules » infaillibles pour atteindre le bonheur, et tant et tant d’autres encore.

Oui, dans ce cas, ce qu’on m’a dit est vrai et ce sont ces « ésotéristes » qui « inventent » continuellement une « science » à la mesure de leur ignorance, des « connaissances » qui révèlent en patience, d’étude et d’effort constant, de foi et d’enthousiasme en un Destin qui, bien qu’il ne soit pas encore dévoilé dans sa totalité, nous étonne par sa beauté et le mystère qu’il garde en réserve pour nous dans un avenir proche.

N.D.L.R. : Le titre, le chapeau et les intertitres ont été rajoutés par la rédaction

Article paru dans la revue Acropolis n°96 (Juillet-aout 1987)

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