La responsabilité

Auteur: Par Délia STEINBERG GUZMAN

libéré 28-02-2019

Désengagement... paresse... confort !

Désengagement… paresse… confort !

Il semble que la responsabilité soit de moins en moins pratiquée de nos jours. Un concept que l’auteur tente de redéfinir et qui fait appel à l’engagement.

Cette qualité remarquable, dont on peut parler en termes magnifiques mais brièvement dit, met en évidence notre capacité d’agir avec une conscience éveillée, de reconnaître nos engagements et de les mener à bien avec la joie de remplir un devoir à la fois matériel et spirituel, cette qualité se fait remarquer par son absence chez les gens.

La recherche du confort

On a presque honte d’appeler « civilisation » le style de vie qui nous régit, et surtout dans un monde aussi bigarré que le nôtre. On ne sait jamais à quelle forme de civilisation on doit se référer. Celle qu’on appelle à tort « occidentale » et qui prédomine dans les grandes villes des pays développés et de ceux qui le sont moins est une formule nettement matérialiste : le syndrome des possessions, la consommation, l’éternelle jeunesse du corps et l’absence de souci y constituent les plus grandes aspirations.

Dans nos « sociétés de consommation » reconnues, les enfants apprennent en grandissant qu’ils valent pour ce qu’ils ont (eux ou leurs parents) et non pour ce qu’ils sont. Les valeurs morales ne font pas partie de ladite « consommation » : personne n’en fait usage, personne ne les demande et personne ne les apprécie. En conséquence de quoi, il s’agit de posséder des objets matériels coûteux et qui font l’objet d’une importante publicité, ou bien de jouir de situations de prestige personnel, qui, en fin de compte, reposent également sur des possessions matérielles : un titre, un poste, une place de choix entre toutes.

J’ai lu récemment un de ces travaux statistiques qui paraissent régulièrement dans les revues et magazines, qui m’a appris que les parents actuels sont tentés de tout sacrifier pour offrir à leurs enfants le maximum de confort. Les parents agissent ainsi en partie pour éviter à leurs enfants des souffrances qu’ils ont eux-mêmes subies, et en partie à cause de l’inévitable sentiment de culpabilité qui les habite pour laisser leurs enfants, livrés à eux-mêmes presque toute la journée afin de pouvoir travailler plus pour gagner davantage d’argent.

Que donneront les nouvelles générations éduquées selon de pareils critères ? Des jeunes qui aiment leurs aises, attachés à la tranquillité qu’ils trouvent chez eux, ce que confirment les statistiques : les jeunes qui préfèrent vivre au foyer avec leurs parents sont toujours plus nombreux, non du fait d’un sentiment d’union familiale mais pour le confort que cela présente. Il nous faudra voir des jeunes faibles devant la vie, accoutumés à ce qu’on leur serve tout sur un plateau, à ne faire face à aucune difficulté, et pire, à étudier minutieusement la façon d’éviter toute difficulté.

Je sais que cette affirmation peut paraître contradictoire car la fuite devant la responsabilité semble être une recherche consciente de la part des gens. Mais, en tant que philosophes, nous ne pouvons admettre que ce soit la conscience, la véritable humaine qui appelle à la fuite devant toute responsabilité.

L’absence d’engagement

Les engagements sont perçus comme la pire « maladie » dont on puisse être atteint, et on préparer des enfants, les adolescents et les jeunes à « être libres », à ne pas se lier à des engagements qui ne sont pas indispensables. Il est regrettable que ceux que l’on considère comme n’étant pas indispensables soient justement les uniques engagements qui nous confèrent le titre honorable d’Humains. S’engager par rapport à un horaire scolaire, professionnel ou universitaire ; ne pas manquer des rendez-vous sociaux, ou des rencontres pour passer un moment, ne sont pas de véritables engagements comparés à ceux qui exigent qu’on ouvre les yeux de l’âme, qu’on se reconnaisse soi-même, qu’on sache trouver le sens de la vie et le rôle que vient jouer dans le monde chacun d’entre nous, rôle qui doit tourner à son propre bénéfice moral et spirituel et au progrès évident des civilisations.t

Il suffit de jeter un coup d’œil à la Nature, qui préoccupé tant les présumés écologistes pour recevoir de véritables leçons de responsabilité. Rien en elle, ni pierre ni arbre, ni animal ni les étoiles ni les galaxies, n’échappe à son Destin : au contraire, ils l’accomplissent avec une régularité si merveilleuse que tout manquement à cette règle est considéré comme un « phénomène » et consigné par tous les observateurs scientifiques et tous les gourmands de nouvelles.

Assumer ses responsabilités

L’homme peut-il alors échapper à la responsabilité ? Bien au contraire. Une attitude juste voudrait que, dès le début, les enfants sachent qu’ils sont venus dans un monde qui attend beaucoup d’eux et qu’ils doivent commencer à y répondre par de petites taches, les leurs, les taches merveilleusement leurs, que personne ne peut leur ôter et que personne ne peut accomplir à leur place. Ainsi deviendrait réalité la présence d’une jeunesse saine de corps et d’âme, et d’une maturité adulte, sereine et capable de vivre la civilisation plutôt que de la regarder, confortablement installé, descendre la pente sur l’écran de télévision.

Les engagements ? On en a de toutes façons bien qu’à un moindre niveau, de force ou du fait de l’inconscience. Mieux vaut mille fois avoir le courage de s’engager pour ce qu’on aime et qu’on a choisi, même si des milliers de moutons clament le contraire : tôt ou tard, les moutons chanteront la chanson de la responsabilité, quand ils l’entendront dans la bouche des grands, des grandes majorités.

Article paru dans la revue de Nouvelle Acropole n° 142 – mars-avril 1995

N.D.L.R. : Le chapeau et les intertitres ont été rajoutés par la rédaction

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